mercredi 23 janvier 2013

Emptyset / Collapsed EP




On avait laissé le duo EMPTYSET dans un piteux état, celui de sa propre vacuité étalée sur un Medium tout juste convaincant. Propulsé tandem de génies electro, Emptyset prétend endosser un à un les habits de la musique électronique radicale : un coup minimaliste (le premier album sans titre en 2009), un coup à la sauce Pan Sonic (le deuxième album Demiurge en 2011) mais sans jamais déclencher ici des torrents d’enthousiasmes.
Avec Emptyset on a surtout le sentiment d’un immense gâchis et d’une inutilité flagrante parce que James Ginzburg et Paul Purgas – les vrais noms des deux bonshommes derrière le groupe – se contentent paresseusement de réitérer tout en prenant bien soin de présenter la chose avec une élégance très conceptuelle ; dans l’absolu on s’en fout complètement qu’un duo composé de deux gugusses patron de studio d’enregistrement ou « artiste sonore » repompent ce qui a déjà été fait par d’autres il y a encore moins de dix ans (on rappellera que Pan Sonic s’est séparé seulement en 2009 et que le groupe finlandais avait publié son premier album dès 1995) mais ce que l’on a tendance à trouver insupportable c’est que les deux Emptyset soient couronnés grands architectes avec des prétentions telles que « le projet a pour but d’établir les correspondances entre l’analogique et le rythme, l’enregistrement spatial et la musique minimaliste », etc, et non, j’exagère à peine… Si la noblesse électronique ne s’astiquait pas autant le poireau sur le cas d’Emptyset on ne réagirait pas aussi vertement parce que, on  le répète, on s’en fout qu’Emptyset soit un groupe de copieurs : des copieurs il y en a toujours eu et il y en a encore de partout, dans tous les styles de musique et sûrement même depuis que le mot « musique » existe.
Reste que tous les disques du duo finissent par démontrer qu’une seule et unique chose : Emptyset n’a pas les moyens de ses ambitions boursouflées et n’arrive définitivement pas à la cheville de ses illustres prédécesseurs. Collapsed, EP de quatre titres publié en 12’ par le label Raster-Noton, ne nous en apprend pas davantage ; pourtant on annonce que ce disque est ce qu’Emptyset a enregistré de plus léché et il constituerait un hybride extrêmement bien équilibré entre le minimalisme technoïde du premier album et le bruitisme gentiment mesuré de Demiurge et Medium. Effectivement, à l’écoute, Collapsed est peut-être ce que le duo a enregistré de meilleur, en tous les cas de plus structuré et de plus correctement agencé. Mais cela ne suffit tout simplement pas parce que le résultat obtenu reste largement en deçà des aspirations prétentieuses du projet : ce n’est pas forcément si grave que ça d’être un groupe moyen et/ou tout juste honorable mais encore faut-il savoir ne pas la ramener au risque de passer au mieux pour ridicule et au pire pour exaspérant. Je suis exaspéré.