jeudi 17 janvier 2013

Lamps / Under The Water Under The Ground




Under The Water Under The Ground est le troisième album de LAMPS, un groupe de Los Angeles plutôt du genre tâcherons à lunettes, correctement efficaces et œuvrant dans le pur garage punk rock’n’roll de base. Des types qui ne s’en font pas trop et qui sortent leurs disques presque à la petite semaine*, comme une bonne giclette de punk dans ta face – et la mienne aussi – de boutonneux toujours en mal de décharges électriques et sans lendemain. Vas-y fais moi mal.
Seulement, avec Under The Water Under The Ground, Lamps passe radicalement à la vitesse supérieure et ne débande pas une seconde. Papy aura beau boucher avec ses petits doigts crochus et fatigués les oreilles de mamie et il aura beau également serrer les dents et les fesses de consternation et d’agacement, ce troisième album dépassera inévitablement, malgré toutes les précautions hygiénistes, la barre de l’anecdotique bruyant et le niveau honorable d’une petite séance de fuckerie électrique entre punkers abreuvés.
Parce que ce disque est vraiment sale, méchant presque, et déborde de cette sombritude des anti-héros qui feront toujours peur à ta pauvre mère** ; onze titres d’un garage punk raclant du côté du noise-rock mais aussi du post punk (beaucoup plus légèrement) et qui mériterait de déboucher – débaucher ? – toutes les raclures prétendantes au gai savoir électrique, y compris les plus mal disposés à sortir du schéma parfois un peu trop pépère et gentiment prévisible du garage d’inspiration sixties et/ou psychédélique.
Pourtant il n’y a pas de miracle à signaler, pas de progrès remarquables à l’horizon : Lamps ressemble toujours à Lamps mais ce qui fait la différence c’est ce son de détraqué mental qui illumine littéralement Under The Water Under The Ground ; dans le cas de ce disque – dont toutes les compositions se ressemblent pourtant et sont sorties du même moule – ce sur-boostage question enregistrement studio et production***, particulièrement efficace en ce qui concerne les lignes de basse, est le plus qui manquait sûrement à Lamps jusqu’à maintenant. Le trio n’a pas beaucoup d’idées à proposer mais chacune d’elles est superbement mise en avant et donc chaque idée semble être la bonne et suffit à notre bonheur. Se faire débourrer le poireau et c’est quand même bien plus agréable que de se faire prendre la tête, non ?

Under The Water Under The Ground inaugure en quelque sorte la longue série de disques que l’on aurait bien aimés découvrir un peu plus tôt et surtout faire figurer au palmarès d’une année 2012 musicalement déjà bien chargée ; un disque publié en vinyle (couleur vomi tarama/courgettes, merveilleux) et en CD pas beau par In The Red records.  

* trois albums en huit ans mais quand même une petite dizaine de singles ou de splits
** ta mère elle préférait d’ailleurs quand tu écoutais Iron Maiden parce qu’« au moins il y a de la mélodie chez ces anglais »
*** Chris Woodhouse est crédité à l’enregistrement et rappelons que le curriculum vitae du monsieur en question comprend la participation aux excellents Karate Party ou la prise en charge des enregistrements des inestimables A-Frames (les trois albums du groupe)