mardi 30 avril 2013

Report : Witxes et Barn Owl au Sonic - 23/04/2013




Retour des américains de BARN OWL, deux ans après un concert au même endroit, un premier passage qui, avouons-le, m’avait quelque peu laissé sur ma faim. Sûrement parce que je suis toujours un peu plus pointilleux au sujet des concerts de branleurs cérébraux que pour les concerts de barbares défoncés. Nous n’étions alors qu’une petite poignée à nous être déplacés pour écouter et applaudir Evan Caminiti et Jon Porras.
Depuis Barn Owl a nettement gagné en notoriété et en ce mardi soir le Sonic accueille logiquement un public beaucoup plus conséquent. Ce que le bouche-à-oreilles ne dit pas encore – puisque le tout nouvel album de Barn Owl, intitulé V, vient tout juste de paraître – c’est que le duo a procédé à des changements plutôt drastiques dans sa musique et surtout dans sa façon de l’interpréter (ces deux aspects étant bien évidemment étroitement liés).
Peu de gens se doutent en effet qu’Evan Caminiti et Jon Porras n’utilisent presque plus du tout de guitares. Ni que le concert de ce soir va purement et simplement être un concert de musique électronique. J’espérais vaguement que les deux musiciens allaient peut-être panacher entre ce qu’il convient désormais d’appeler la première période de Barn Owl et leur nouvelle direction musicale mais non.




Le concert s’est donc exclusivement articulé autour de V. Sur scène les deux Barn Owl ont installé des machines bricolées que seuls quelques initiés et experts en électrobidouille appliquée ont l’air de comprendre un peu. La scène est complètement plongée dans une lumière blafarde et bleue, donnant un air certain d’irréalité à ce qui s’y passe. En fait il ne s’y passe rien de spectaculaire : auparavant, lorsque les deux musiciens utilisaient leurs guitares, ils avaient déjà recours à des projections de films et d’images pour se cacher du public ; désormais une pénombre presque opaque et fantomatique est semble-t-il ce qui leur convient de mieux.
Je ne peux pas non plus m’empêcher de penser que cette lumière évoque une nuit étoilée ou – mieux – les faibles rayonnements stellaires rencontrés par les touristes qui font de l’auto-stop en la Terre et la planète Mars. Tout comme V évoque les voyages multidimensionnels à travers un espace interplanétaire et désertique, un concert de Barn Owl vous invite désormais à doucement vagabonder entre les étoiles ; il n’était pas interdit et même plutôt conseillé de fermer les yeux et de se laisser porter par la beauté d’une musique allant sans cesse en grandissant (surtout que le concert n’a malgré tout pas été exempt de quelques longueurs cryogéniques)… Comme on l’a déjà affirmé à propos de V : Barn Owl a juste changé d’échelle, délaissant les déserts de sable pour les limbes sidérales mais finalement l’optique reste sensiblement la même, c'est-à-dire partir le plus loin possible et se perdre en route.




Il semblerait que désormais il y ait deux incarnations de Witxes : une avec une multitude de musiciens invités (guitare, saxophone, contrebasse, batterie, etc.) et l’autre en solo, avec uniquement Maxime Vavasseur, ses machines, son laptop, sa guitare et sa voix. Lui aussi a décidé de se plonger dans la pénombre, n’étant éclairé que de dos par uniquement deux néons faiblards posés à même le sol sur la scène du Sonic.
C’est donc la version de Witxes solo qui a joué en première partie de Barn Owl mais on ne va pas s’en plaindre : ce garçon est talentueux et va à nouveau le prouver lors de ce concert démarrant par un beau passage chanté – et un petit moment de frisson – puis s’engageant rapidement dans une succession de tableaux musicaux s’imbriquant les uns après les autres. On peut parfaitement reconnaitre là la manière de faire de Witxes, cette capacité à présenter des aspects aussi divers que complémentaires d’une même vision musicale, une optique parfaitement maîtrisée et qui avait déjà fait quelques merveilles sur le premier album Sorcery/Geography. En dehors de la beauté de sa musique, le plus marquant chez Witxes reste la conviction dont il fait preuve pour nous la faire partager – un phénomène assez rare dans le petit monde des one-man-bands qui poussent des boutons dans le noir.

Le prochain album de Witxes sera publié sous peu : la release party est d’ores et déjà annoncée pour le 21 mai aux studios Mikrokosm (61 cours de la République à Villeurbanne).

[pas beaucoup de photos cette fois-ci, pour cause de lumière en dessous du niveau de seuil de pauvreté]

lundi 29 avril 2013

STNNNG / Empire Inward




Il y a des disques que l’on attend beaucoup plus que les autres et le quatrième album de STNNNG est de ceux-là. Oui : Empire Inward est effectivement le quatrième album des héros de Minneapolis mais, à la différence de leurs petits camarades de Pissed Jeans qui eux s’y sont relativement cassé les dents avec leur récent Honeys, les STNNNG ne font preuve d’aucune faiblesse, ne tombent pas dans la routine et demeurent un groupe plus merveilleux que jamais. L’âge et la bouteille vont bien à ces gars là qui, une fois de plus, nous délivrent avec Empire Inward leur meilleur album à ce jour. La même chose avait déjà été affirmée à propos du précédent Smoke Of My Will aussi on voit tout simplement dans ce résultat la marque d’un très grand groupe : un groupe capable à chaque fois d’en remettre une couche et de se dépasser tout en évoluant. De la grande classe comme de la clairvoyance.
Empire Inward démarre on ne peut mieux avec Ring And Roar, un véritable brûlot annoncé par un riff complètement inspiré par les guitares des frères Young lorsque AC/DC était encore un jeune groupe sale et méchant. STNNNG s’y connait aussi en sueur, la preuve, mais c’est le chant possédé de Chris Besinger* qui vous saute ensuite à la gueule – princier, époustouflant, hargneux et, plus que tout, classieux. Ce type va faire des miracles tout au long de Empire Inward, complètement à l’aise dans une gamme de registres que l’on ne rencontre que rarement chez un chanteur officiant dans un groupe de noise rock : écoutez-le sur le début de Old Fool And Crow se rouler lentement dans la boue avec, on croit le deviner, une certaine ironie, puis, sur la fin, remettre Pete Simonelli d’Enablers à sa juste place. En début de Face B, le morceau titre prend exactement le chemin inverse : Chris Besinger fait lentement mais sûrement monter la pression, passant du mode narratif à celui de la possession pure et simple. Mais c’est sur Adam Justified qu’il opère de véritables miracles, voilà un titre en forme de balade sombrement bluesy et traversé en son milieu d’une série d’explosions noise et de hurlements de démence qui vous électrisent pour de bon – Adam Justified est assurément l’un des meilleurs titres de Empire Inward.
A y regarder de plus près on pourrait sans doute citer et décrypter chacun des huit titres de cet album tant chaque nouvelle écoute révèle de nouvelles pépites. Mais le chant n’est pas le seul responsable** de la qualité hautement supérieure de Empire Inward. Une autre particularité de STNNNG est d’avoir deux guitaristes dans ses rangs, un line-up là encore inhabituel chez un groupe de noise-rock. Et elles sont vraiment belles ces guitares, elles sonnent à merveille***, sèchement généreuses et surtout elles communiquent, permettant également à STNNNG des fausses coquetteries des plus réjouissantes comme des solos de guitare – mais oui – aussi approximatifs que jubilatoires (et qui ne seraient sans doute pas aussi jubilatoires s’ils n’étaient pas d’abord aussi approximatifs).
Il n’y a donc rien à redire d’un disque qui vous prend constamment par surprise : par exemple Ballad Of The Drunken World démarre effectivement comme une chanson d’ivrogne avec le seul Besinger qui s’égosille dans le caniveau or Ballad Of The Drunken World se révèle être le titre le plus virulent de Empire Inward, fracassé jusqu’à la déraison. Et quand on vous affirme qu’il n’y a rien à redire et à jeter de ce disque****, il s’agit tout simplement d’une vérité indiscutable : Empire Inward ne devrait pas seulement séduire et combler les fanatiques de noise-rock mais devrait également ravir et emporter avec lui toutes celles et tous ceux pour qui, en matière de musique, les mots sauvage, généreux, déglingué et impérial (sic) ont encore un sens.

Empire Inward est publié aux Etats Unis par Modern Radio records (qui jusqu’ici a publié tous les disques de STNNNG) et en Europe par Rejuvenation records*****. Il existe quelques différences notoires entre ces deux éditions :

- la plus importante est que si vous êtes un petit européen et que vous achetez ce disque aux U.S. il vous en coutera pas moins de 27 $ de frais de port contre environ 5 € pour la version européenne – et inversement pour les petits américains, le choix est donc vite fait…
- bien évidemment le logo du label figurant en haut et à droite du recto de la pochette n’est pas le même
- Modern Radio a opté pour un vinyle noir, Rejuvenation pour un vinyle marbré avec des traces de doigts sales pleins de gras et de cambouis dedans mais les deux versions portent la même inscription en fin de face A : « The ocean must be fed »
- il y a un insert indépendant dans l’édition américaine alors que pour l’édition européenne c’est la pochette intérieure qui est imprimée
- Rejuvenation a en plus procédé à une version CD pour satisfaire les marchés émergeants de l’Europe de l’est et du sud

* je me le demande toujours : Besinger, c’est un pseudo en forme de jeu de mots, ou bien ?
** les autres membres de STNNNG sont Adam Burt (guitare), Ben Ivascu (batterie), Jesse Kwakenat (basse) et Nathan Nelson (guitare)
*** Empire Inward a été enregistré par qui-vous-savez aux studios Electric Audio de Chicago
**** un disque un peu court vous diraient certains avec sa petite demi-heure mais  ici c’est vraiment la durée idéale
***** après avoir publié Push Over, le troisième album de Hawks, les gens de Rejuvenation font donc à nouveau très très fort ; ici on espère simplement que, comme avec les Hawks, la Réju Team arrivera à monter une tournée française/européenne pour STNNNG – il est de plus en plus inconcevable de ne pas avoir un jour le bonheur intense de voir ces mecs en concert, pour de vrai

dimanche 28 avril 2013

Ultra Zook / Epuzz




Allez, c’est enfin l’heure de la récréation. L’hiver est (parait-il) définitivement terminé, Le soleil  brille de manière constante et assidue, la bière fraîche s’impose plus que jamais et j’ai des remontées d’acide. Epuz, le premier EP (cinq titres) d’ULTRA ZOOK n’avait pas eu l’heur d’être étripé chroniqué par 666rpm, ce disque joyeusement simplet publié en juin 2012 s’avérant très énervant pour les pisse-froids cérébraux qui aiment la déglingue et la fantaisie à la seule condition que cela soit fait avec un minimum de sérieux. Je suis justement un de ceux là, précis dans l’exécution d’un humour qui ne fait rire que moi, du genre à avoir besoin de m’assoir avant d’oser piquer un fou-rire et fuyant les fêtes d’anniversaire de mes meilleurs amis de peur d’être obligé de m’amuser avec des gens et de faire une overdose de bonne humeur. C’est vrai quoi, comme le disait si bien je ne sais plus quel philosophe cancéreux, on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui.
Ultra Zook est un groupe ambitieux : le trio a prévu de publier trois disques en moins de temps qu’il en faut à un coussin-péteur pour se dégonfler et le deuxième vient précisément de paraitre, il s’appelle Epuzz – oui, avec deux Z et comportant à nouveau cinq titres, on en déduit que le troisième et dernier disque de la série s’intitulera Epuzzz.
Mais revenons-en à Epuzz. Le disque démarre très mal avec Yapati Yupata, hymne caribéen et carabiné, le genre de chanson que précisément mettent mes amis lors de leurs fêtes d’anniversaire pour inciter leurs invités à danser à-la-queue-leu-leu déguisés en Casimir ou en Télétubbies. Les rythmes chaloupent, les voix sont pitchées, le synthé bégaye, la basse gronde et on remet ça tout de suite et maintenant parce que Yapati Yupata est une ode efficace à la débilité (vous n’avez qu’à tester sur vos enfants ou sur votre grand-mère aphasique, vous m’en direz quelques nouvelles).
Mozambiouc est nettement moins convaincant, pompant vraiment tout ce qu’il peut – surtout au niveau des voix – sur Battles or s’il y a un groupe abominable qu’il ne faut absolument pas plagier de nos jours, c’est bien Battles, sous peine de se transformer à nouveau, mais cette fois-ci en nains de jardin. Tiramisu écœure aussi un peu, finalement pas aussi débile et jubilatoire et donc moins inpertinent  que Yapati Yupata. Dommage.
Là où les choses deviennent vraiment intéressantes c’est lorsque Ultra Zook croit bon d'inviter un saxophoniste adepte de la freeture et qui vient éclairer la musique du groupe d’une lumière un peu différente. Pisote ! et surtout l’excellent Aluminium C4 font preuve d’une inventivité qui cette fois n’est pas systématiquement reléguée au second plan par la fantaisie outrecuidante dont Ultra Zook s’est fait une spécialité. Il n’est pas dit qu’ à l'avenir le trio poursuive dans cette voie, celle d’une musique moins chocolatée, plus barrée et ne confondant pas la loufoquerie avec l’amitié entre les peuples ni les vessies progressives avec des lanternes magiques, mais on peut toujours espérer. A suivre.

[Epuzz est publié en 12’ vinyle par Gnougn records et Human Feather]

samedi 27 avril 2013

Comme à la radio : Michel Anoia




Malgré un premier contact difficile avec MICHEL ANOIA – c’était en première partie d’un concert  en compagnie d’Elizabeth et de Moms On Meth – je ne peux pas résister à l’envie de reparler de ce groupe lyonnais et de son premier album sans titre.

La bonne nouvelle c’est que Michel Anoia s’est débarrassé de son chanteur un peu trop encombrant et trop typé et que ce sont les trois survivants qui assurent de temps à autres des braillardises dans un registre volontairement débile.



Bon, il y a toujours deux ou trois petites choses qui taquinent l’oreille ici ou là (les gars, la basse slappée c’est quand même un peu péché) mais on sent également que le fastcore metallurgiste et gogol sur les bords de Michel Anoia tend en fait vers le côté obscur et décomplexé de la parodie bienfaisante et du barouf éjaculatoire. Tout ça n’est pas si sérieux qu’on voulait bien le croire et c’est fait avec juste la bonne dose d’application qu’il faut pour effacer toutes traces un peu trop visibles d’intentions.
Appelez ça donc comme vous le voulez – du metalcore ou autres, on s’en fout – moi j’y vois une sorte de crossover/death metal/fun core déjà bien en place et grâce auquel, on l’espère, Michel Anoia pourra aller encore plus loin dans le délire monstroplantes et la pataphysique de l’extrême.

[j’apprends aussi que Michel Anoia se fait désormais accompagner sur scène par deux vidéastes aux idées parait-il particulièrement chargés question loufoqueries ; sinon ce premier album de Michel Anoia existe en format dur pour de vrai, pour toutes questions contractuelles veuillez contacter directement ces jeunes gens : michelquartet[arobase]gmail[point]com]

vendredi 26 avril 2013

Jello Biafra & The Guantanamo School Of Medicine / White People And The Damage Done




JELLO BIAFRA est de retour avec ses petits camarades de la GUANTANAMO SCHOOL OF MEDICINE pour un deuxième album, White People And The Damage Done, qui ne surprendra personne mais qui ne décevra pas non plus. Sur la pochette du disque – un collage déformant comme Biafra les a toujours appréciés et représentant une bambinette en mode E.T./gore gore girl – un joli sticker a été apposé, un sticker affirmant quelques gentilles vacheries telles que « marre du Tea Party ? ce disque est fait pour toi » ou encore « les fans de D.K. ne seront pas déçus ». Une façon plutôt gentille de lancer les hostilités et un élégant moyen marketing (oui, malgré tout) de rappeler que Jello Biafra a toujours été un emmerdeur.
Ce qu’il y a de bien avec les Guantanamo School Of Medicine c’est que plus le groupe avance dans sa discographie et plus ses enregistrements deviennent meilleurs. Malgré ses défauts White People And The Damage Done arrive ainsi à dépasser d’une courte tête le EP Enhanced Methods Of Questioning qui était déjà très largement supérieur au premier LP The Audacity Of Hype. Des défauts ? Oui, il y en a quelques uns, en dehors de l’absence totale de surprises question inspiration de la part d’un Jello Biafra et de ses boyz plus que jamais bloqués sur un punk hardcore raisonnablement loufoque mais pas si méchant que ça, et parmi ces défauts on compte la pauvreté de certains riffs de guitare (pourtant toujours tenue par Ralph Spight des Victims Family) mais aussi la présence inutile de solos masturbatoires (Burgers On Wrath) et l’abus de refrains fédérateurs qui transforment trop le punk-rock de Biafra and C° en hymnes stadiers pour manif alterno-mondialistes. Des défauts qui plombent surtout la deuxième face de White People And The Damage Done, une face qui s’achève précisément sur le faiblard Shock-U-Py, précédemment publié sous la forme d’un 10’avant-coureur mais ici dans une version inutilement rallongée.
Mais le reste est d’excellente facture et sur toute la première face de White People And The Damage Done Jello Biafra & The Guantanamo School Of Medicine font preuve d’une impertinence comme au bon vieux temps, retrouvant c’est vrai une partie de la verve des Dead Kennedys (ce cher autocollant promotionnel ne mentait donc pas trop et Hollywood Goof Disease en est l’un des meilleures exemples). On remarque surtout que ce disque est encore plus énervé (malgré donc la version longue de Shock-U-Py placée à la fin du disque en guise de remplissage) et la rythmique est vraiment aux taquets avec en particulier le nouveau venu Andrew Weiss (ex Gone, le groupe post Black Flag de Greg Ginn, Ex Rollins Band, ex Ween et même ex Butthole Surfers) en remplacement du bassiste Billy Gould qui a sans doute pensé qu’il avait mieux à faire avec Faith No More. Qu’il y reste.

[White People And The Damage Done est publié en CD (?) et en vinyle par Alternative Tenacles ; la version LP est évidemment dotée d’un coupon de téléchargement permettant d’obtenir quatre bonus, des remix/réinterprétations de titres de l’album et, comme souvent, sans grand intérêt]

jeudi 25 avril 2013

Fire! Orchestra / Exit!




A n’en pas douter, le géant suédois du saxophone Mats Gustafsson se sert de FIRE! comme de tous ses autres groupes, pour faire de nouvelles expériences et rechercher un peu d’inédit. Et, plus particulièrement, Mats Gustafsson ne semble pas envisager Fire! comme un simple trio (il y est accompagné de Johan Berthling et Andreas Werliin) mais comme la terre d’accueil de musiciens invités. Le précédent album de Fire!, le plutôt mitigé car très inégal In The Mouth – A Hand, avait été enregistré en compagnie du guitariste australien Oren Ambarchi. Pour Exit !, quatrième album du groupe, Fire! passe à la vitesse supérieure – que dis-je : tente d’embrayer la vitesse supersonique – pour se rebaptiser Fire! Orchestra et augmenter ses rangs de presque une trentaine d’invités.
Sur le papier cela pourrait sembler parfait même si on peut aussi s’inquiéter d’une distribution pléthorique avec pas moins de cinq saxophonistes, trois trompettistes, deux trombonistes, un joueur de tuba, deux claviers, un bidouilleur, trois guitaristes (dont un qui chante également), quatre bassistes – trois contrebasses et une basse électrique –, quatre batteurs et deux chanteuses. On ne va pas citer tout le monde, précisons simplement que le Fire! Orchestra regroupe une bonne partie de la crème suédoise des musiques free et expérimentales.
Ça, on voudrait bien le croire que cette petite armée de musiciens soit le top du top mais on peut légitimement se demander à quoi servent les quatre batteurs – on a vraiment du mal à les discerner voire on finit par douter qu’ils jouent jamais ensemble –, quatre bassistes, etc. Autrement dit Exit! a tout de la superproduction en cinémascope et en technicolor, c'est-à-dire que l’ampleur des moyens employés ne sert que d’étalage vulgaire et non pas de moyen d’expression permettant de faire quelque chose de réellement intéressant. C’est que l’on s’ennuie de plus ne plus à l’écoute d’Exit! car tout y est si pensé, les digressions free sont tellement convenues et les interventions des deux chanteuses (Mariam Wallentin – au passage moitié de Andreas Werliin  avec qui elle forme le duo Wildbirds & Peacedrums – et la soprano Sofia Jernberg) rivalisent de ridicule et de prétention avec celles d’Emil Svanängen (aka Loney, Dear – ce type arrive parfois à chanter aussi abominablement qu’un Sting en plein trip world music).
Enregistré en janvier 2012 au Fylkingen de Stockholm (une salle dont la réputation est celle d’être la Mecque suédoise des musiques traviolées et subventionnées), Exit! est un gros loukoum indigeste et bien trop expansif. On sort de ces deux titres à rallonges comme écœurés et surtout épuisés par une musique volontairement savante et donc prétentieuse voire mythomane. Un faux pas de la part de ce grand monsieur qu’est Mats Gustafsson, en espérant qu’il s’en remettra (nous, on a déjà préféré oublier ce disque pour toujours).

[Exit! est publié en CD et en vinyle blanc par le label Rune Grammofon – la version vinyle inclut le CD en bonus, bande de losers]

mercredi 24 avril 2013

Report : Carne, Witch Mountain et Cough à Grrrnd Zero - 21/04/2013




Voilà. Il me semble bien que c’est la toute dernière fois que je vais assister à un concert à Grrrnd Zero. Nous sommes le dimanche 21 avril et la date limite de péremption du 40 rue Pré-Gaudry, fixée au 30 avril, se rapproche dangereusement. Après c’est l’exil vers l’inconnu, le déplacement forcé vers nulle part et un grand trou. Le grand trou du chantier qui bientôt occupera l’espace des hangars et des bâtiments de Grrrnd Zero ; et puis le trou créé par l’absence – momentanée on l’espère – du collectif dans le paysage local des musiques et cultures alternatives, tordues et déviantes.
Bien sûr beaucoup iront samedi prochain faire la fête et célébrer dignement la mort annoncée de Grrrnd Zero, du moins le Grrrnd Zero dans sa forme actuelle. Mais après ? Après ce sera à nouveau et pour un temps plus ou moins long les concerts qu’on ne peut plus organiser faute de salle libre ou au mieux les concerts hors les murs et ceux montés à l’arrache dans des caves ou des lieux inadaptés. L’équation [un concert = un toit + de l’électricité + de l’eau et des chiottes] semble de plus en plus difficile à résoudre.




J’espère par contre que ce ne sera pas la dernière fois que j’assisterai à un concert de CARNE. Les deux lyonnais ont l’air d’être en forme, détendus et sûrs d’eux et ils s’apprêtent à délivrer un bon set, bien brûlant. Ils ont aussi enregistré au début du mois de janvier quelques titres sous la houlette d’un épicier local bien connu, spécialiste en métallurgie appliquée et en gras-double – j’attends le résultat de ces sessions avec impatience.
Passé le rituel quasi obligé de la corde cassée, Carne fait défiler son répertoire sans défaillir et sans hésiter. Bonne énergie. Jouer quasiment systématiquement en mid-tempo est la caractéristique du groupe mais pas la seule : Carne c’est un peu comme si la température ambiante était déjà à son maximum dès le départ, ça doit obligatoirement bouillonner tout de suite, le gras surnage à la surface et laisse échapper une odeur pestilentielle, la chaleur nous ronge et l’atmosphère tourne au rouge sang.
Il est évident que le duo a encore gagné en maîtrise, en aplomb et en intensité ; Carne a également éliminé (au moins pour cette fois) les compos purement instrumentales et – surprise ! – Marion, ex bassiste d’Overmars, vient les rejoindre au chant sur un titre : cela fait toujours plaisir de revoir cette boule de nerfs même si, malheureusement, la sono ne lui a pas totalement rendu justice.  Le concert de Carne peut alors se terminer comme il avait commencé, c'est-à-dire dans un déluge de saturation déchirante et de lourdeur asphyxiante.




Le groupe suivant constitue une surprise : jusqu’ici je n’avais encore jamais entendu le nom de WITCH MOUNTAIN et j’aurais préféré ne jamais l’entendre, pas plus que la musique du groupe. Lorsque la fille au chant se présente avec ses petits camarades, elle prend la peine de préciser qu’ils viennent de Portland, dans l’Oregon. Mais Witch Mountain pourrait être originaire de n’importe où que cela n’y changerait pas grand-chose, tant le groupe semble débarquer d’une lointaine époque, en gros les années 70, et pratique un doom traditionaliste, ultra kitsch et dégueulant de dorures qui ferait même gigoter la momie de Ronnie James Dio dans sa tombe.
Ouais, voilà, le son de guitare passe mal – virez-moi ces effets abominables –, la basse est jouée aux doigts tout bien comme il faut et le chant féminin est insupportablement aigu, mélodique et précieux (avec de très rares passages en growl de temps en temps). Il n’y a que le batteur qui m’amuse parfois un peu, même si son jeu à la fois très flexible et puissant est ultra typé 70’s lui aussi ; il a une bonne tête de nerd, il porte des gants comme si jouer de la batterie était un sport et il lève très haut les bras en faisant des grimaces dignes de Mike Myers.
Witch Mountain effectue en ce moment toute une tournée européenne en compagnie de Cough (les deux groupes reviennent même du Roadburn) et voilà une bien drôle d’association, on imagine un truc peut-être arrangé par les labels américains des deux groupes – Profound Lore pour Witch Mountain et Relapse pour Cough – comme cela se fait souvent. Si vous voulez piquer une bonne crise de rire, allez voir Witch Mountain en concert mais attention, prévoyez également un budget bar parce que, malgré tout, le temps finira forcément par paraître un peu long.




Allez voir un groupe que l'on ne connait que de réputation (et donc s’y fier aveuglément) n’est pas toujours une très bonne idée mais dans le cas de COUGH cela a parfaitement fonctionné. Pourtant voilà typiquement le genre de groupe dont les disques m’emmerdent au plus haut point mais qui en concert arrive malgré tout à tirer son épingle du jeu. Des combos comme Cough, qui courent derrière EyeHateGod par exemple, la scène américaine métalleuse en est remplie, pour le meilleur comme pour le pire.
Alors qu’est ce qui différencie un Cough d’un autre groupe consanguin et atavique ? Honnêtement c’est difficile à dire mais, par contre, en plus de faire preuve d’aucune originalité, on peut affirmer sans se tromper que Cough brille également par son absence de finesse et d’inventivité. Toujours les mêmes riffs, toujours les mêmes rythmes, toujours les mêmes beuglantes. Ce qui sauve le groupe – et donc le concert – c’est la violence d’exécution dont Cough fait preuve et l’immodestie flagrante du groupe lorsqu’il joue. Une attitude typique de tough guys, à priori détestable, mais qui colle avec le reste.
J’ai donc passé un bon moment à me faire ramoner les oreilles, à secouer la tête comme un singe débile croyant découvrir la vie et à faire des allers-et-retours entre le devant de la scène, le bar puis les chiottes pour aller pisser mes bières. Un bon moment mais bientôt il sera déjà oublié. Pour l’instant l’effet obtenu ressemble juste à une bonne gueule de bois triomphante.

[les photos de ce concert d’esthètes c’est par ici]

mardi 23 avril 2013

Barn Owl / V




Réexaminons d’un peu plus près le cas de BARN OWL : le duo, toujours constitué d’Evan Caminiti et de Jon Porras, vient de publier son cinquième album officiel, tout simplement nommé V. Un manque d’imagination certain quant au choix du titre mais un manque d’imagination qui pourtant ne doit pas cacher les efforts du duo pour enfin faire évoluer sa musique. Car si l’album précédent de Barn Owl, le décevant et paresseusement pédant Lost In The Glare, avait failli sceller un désamour total et définitif pour un groupe en panne d’inspiration et jouant confortablement la carte du sur-place, il n’en a pas toujours été ainsi ; le EP Shadowland, l’album Ancestral Star, et plus encore, The Conjurer, sublime enregistrement publié en 2009, avaient marqué les esprits… on considérait alors qu’il y avait assez de place dans le monde des musiques drone/psyché/ambient à la sauce Dylan Carlson/Earth/cow-bow végétarien/shaman à barbe pour que Barn Owl puisse y mettre également son petit grain de sel (de sable ?). Lost In The Glare avait donc malheureusement – mais provisoirement – démontré que non.
Pour l’enregistrement de V Barn Owl a procédé à une petite révolution culturelle et a décidé de quitter la terre ferme et ses vastes déserts pour aller faire un tour très loin, quitte à risquer de s’y perdre aussi, du côté de déserts plus vastes encore, vastes jusqu’à l’infini, les déserts incommensurables de l’espace. Mais Barn Owl ne s’égare pas. Au contraire le groupe y retrouve enfin toute la matière première qui d’une certaine façon sert de justification au goût pour le flottement et l’errance des deux musiciens.
Pour se faire, et sans remettre totalement en cause leurs anciennes amours, Evan Caminiti et Jon Porras se sont sur V davantage tourné vers l’utilisation de synthétiseurs. Il y en avait déjà un peu dans la musique de Barn Owl mais là ils deviennent omniprésents, tirant des lignes de correspondance assez inattendues entre la musique électronique et atmosphérique allemande de la fin des années 60/début des années 70 et les habituelles westerneries psyché dark du groupe. Le résultat aurait pu être bancal ou tout du moins incomplet or il est passionnant, on peut effectivement parler de voyages dans l’espace – même les photos servant d’illustrations à V sont tirés de clichés pris par la Nasa (ahem) – et surtout de déambulations cosmiques. Il n’est même plus question d’avoir le nez en l’air, de jouer au marchand de sable ou de convoquer les esprits, la musique de Barn Owl semblant capable elle aussi de s’étendre de plus en plus loin, sans justification, et surtout de se réapproprier la part de mystère qu’elle avait précédemment perdue.




V est publié en vinyle ou en CD par Thrill Jockey. Rappelons également que Barn Owl est en concert à Lyon ce mardi 24 avril au Sonic en compagnie de l’immanquable Witxes et demain mercredi 25 avril à Paris, à l’Espace B, toujours avec Witxes mais aussi avec les merveilleux 2kilos &More.

lundi 22 avril 2013

The Feeling Of Love / Reward Your Grace




Il y a quelques mois de cela, désirant sans doute relever le niveau d’une conversation téléphonique qui commençait à sérieusement puer l’acrimonie et les reproches, ma mère – 73 ans, prof à la retraite et toujours sûre de son bon goût – a brutalement changé de sujet : « et au fait, tu connais The Feeling Of Love ? ». Et moi de lui demander naïvement où elle avait appris ce nom et entendu parler de ce groupe (ma mère ne sait toujours pas que je perds une bonne partie de mon  temps libre à écrire de chroniques de disques au lieu de jouer au badminton ou d’aller au cinéma voir le dernier film de Pedro Almodovar).
La réponse ne s’est pas faite attendre : « j’ai lu un article très intéressant dans mon hebdomadaire culturel favori [ndr : et qui fait aussi programmes tv] à propos de ce jeune groupe et cela a l’air vraiment très bien, novateur et plein d’avenir ». Quand je lui demandais alors si elle avait écouté la musique de The Feeling Of Love, ma mère m’a simplement répondu « pour quoi faire puisqu’ils disent déjà que c’est un bon groupe ? ». Je lui ai donc fait parvenir Dissolve Me, le troisième et avant-dernier album de The Feeling Of Love et, soulagement intense, elle a profondément détesté ça. Par contre elle n’a pas résilié son abonnement à son hebdomadaire culturel.
Reward Your Grace, quatrième album de THE FEELING OF LOVE, vient de paraitre. Un disque qui pousse bien plus plus loin la logique pop sixties à peine abordée sur Dissolve Me sauf que cette fois-ci The Feeling Of Love s’est vraiment donné les moyens de ses ambitions musicales. Un état de grâce soudain ? Une inspiration divine ? Non : The Feeling Of Love a toujours été un bon groupe et si au départ on avait été un peu moins enthousiaste à l’égard de Dissolve Me, c’est parce que ce disque était, finalement, un disque de transition, noyé entre deux eaux, partagé entre les fondamentaux garage et bruyamment psychédéliques du groupe et ses nouvelles aspirations plus pop sixties californiennes (pour faire très vite).
Avec Reward Your Grace il n’y a plus aucun doute à avoir : The Feeling Of Love a fini d’opérer sa mue, le résultat est spectaculaire, la musique du groupe a encore gagné en sophistication, The Feeling Of Love s’est surpassé question niveau des compositions – Reward Your Grace comporte un nombre de tubes littéralement impressionnant – et qui plus est cet album sonne parfaitement, la production mettant en valeur les aspirations enfin assumées d’un groupe qui nous parle d’amour et de soleil. Cela n’empêche pas ce soleil d’être blafard ou parfois de jeter la lumière sur une sorte de tristesse cotonneuse tout comme The Feeling Of Love ne s’interdit jamais de ruer dans les brancards, de piquer une crise et de renouer avec les trépidations d’une nervosité transpirante mais, à chaque fois que ces garçons réaffirment leur animalité, ils le font avec leurs nouveaux habits de lumière, et ils sont vraiment magnifiques.
Plus qu’un album lumineux et éclairé, Reward Your Grace est un disque aussi somptueux qu’habité – en langage clair (et sans aucune langue de bois) cela signifie que Reward Your Grace est à ce jour le meilleur album de The Feeling Of Love : c’est maman qui va être contente.

[Reward Your Grace est publié en vinyle (avec un coupon mp3 permettant de télécharger un titre supplémentaire, c’est un vrai scandale) et en CD par Born Bad records]




Les lyonnais seront peut-être également heureux d’apprendre que The Feeling Of Love sera en concert au Clacson à Oullins le jeudi 9 mai en compagnie de Crash Normal et de Catholic Spray.

dimanche 21 avril 2013

Micro Edition et Totale Destruction




Dans une petite semaine, le samedi 26 avril 2013, débutera à Lyon l’édition 2013* du GRAND SALON DE LA MICRO ÉDITION consacré aux auteurs, graphistes, dessinateurs et « éditeurs » do-it-yourself de livres, bandes-dessinées, illustrations, affiches, etc. D’autres regards et surtout d’autres façons de faire avec de nombreux exposants, des ateliers, des gens, de la vie, quoi**.




Mais le 26 avril 2013 ce sera aussi le baroud d’honneur de GRRRND ZERO qui est prié de quitter ses locaux de Gerland pour au plus tard le mardi 30. Après, il n’y a plus rien. Ou si peu : des promesses floues de la part de responsables politiques qui ne souhaitent surtout pas s’emmerder avec un mode d’expression et des cultures alternatives qu’ils ne veulent pas comprendre.
Au programme, donc, un fleuve de  concerts avec plein de groupes, plein de musiques, plein de gens et encore de la vie, toujours***.

[...]

* et ça continue aussi le dimanche 27 avril, le tout se déroulant de 11 à 19 heures à la MJC Monplaisir, 25 avenue des frères Lumières, Lyon 8ème
** un petit peu d’autopromotion : une petite expo photos retracera également quelques années de concerts à Grrrnd Zero – seront exposées des photos d’Isa, de Nad, de Romain Item et de moi-même (ben oui…)
*** quelques noms, dans le désordre : Sheik Anorak, La Course A La Mort, Sathönay, Chevignon, Burne, Steven, Steven & Steven, etc...

samedi 20 avril 2013

Sonopsies




Sonopsies est le titre d’une compilation éditée par le label Caméras Animales dont c’est la toute première référence. Jusqu’ici Caméras Animales était surtout une maison d’édition marseillaise qui a donc décidé de diversifier ses activités et d’éclairer différemment son propos. Et bien en a pris à ces jeunes gens car Sonopsies est un véritable et passionnant parcours du combattant question musiques expérimentales, avec de fortes tendances à bidouilles et une certaine propension à faire tremper la matière sonore première dans (au choix) un bain d’acide idéologique hilarant, une fontaine de jouvence pataphysique ou une étuve asphyxiante.
Comme sur toutes les compilations il y a des choses que l’on aime moins (Flatline Skyline…) et d’autres beaucoup plus : les interventions toujours à mourir de rire de Méryl Marchetti mais aussi M. Savant Stifleson, ElFuego Fatuo, Mushin (magnifique), le blues black metalleux de Forakte (un peu à la Horseback et merveilleusement décalé dans le cadre d’une telle compilation), Sun Thief (superbe) et Thierry Théolier.
En fait on vient de pratiquement tout citer du contenu de Sonopsies (on peut aussi parler de découvertes multiples parce qu’ici, à part Sun Thief, on ne connaissait rien des musiciens et artistes présents sur Sonopsies) mais il y a une autre chose que l’on n’a pas encore précisée : s’il fallait trouver un fil conducteur à cette compilation – décidemment je trouve que ce terme de « compilation » est bien mal adapté à un disque qui au contraire me semble plutôt pensé comme un tout et avec un vrai projet derrière, pas uniquement celui de regrouper des formations venues des quatre coins du monde ou presque – donc, s’il fallait trouver un fil conducteur ici, ce pourrait être celui du verbe, de la parole, des mots, des textes car ceux-ci sont bien au centre d’un disque néanmoins protéiforme.
On peut même parler de poésie sonore dans certains cas, de logorrhée ou d’épanchement dans d’autres mais il y a presque toujours un sens, une signification plus ou moins évidente, à découvrir, à appréhender : Sonopsies est un disque qui s’écoute donc doublement, non seulement pour les pièces musicales qu’il propose mais également pour ce que ces mêmes pièces peuvent renfermer de mots et donc, éventuellement, de pistes de réflexion. Evidemment, le sens apparemment donné est toujours sujet à interprétation, disons qu’il ne s’agit ici que de tentatives et qu’il faut parfois aller chercher un peu plus loin, trifouiller dans le fond et prendre le risque de ne pas toujours trouver – c’est peut-être aussi pourquoi Caméras Animales définit le terme de « sonopsie » par autopsie sonore.

[Sonopsies est édité en CD uniquement par Caméras Animales]

vendredi 19 avril 2013

Papier Tigre / Personal Belongings b/w The Difficult Age




Il est une évidence à propos de PAPIER TIGRE qu’il est toujours bon de rappeler, encore une fois : le trio n’a pas son pareil pour composer des tubes qui savent rester dans la tête, des chansons magnifiques, des pop song noisy, hautement mélodiques mais parfois tordues, de temps à autre carrément traviolées mais toujours irrésistibles. C’est ainsi que tous les albums de Papier Tigre regorgent de moult singles potentiels – par exemple sur Recreation, sublime et dernier album en date du trio, rien de moins que la moitié des compositions auraient pu prétendre à cet honneur suprême – or il n’aura échappé à personne que Papier Tigre n’avait encore jamais franchi le pas ni édité deux chansons isolées et méritant de remplir chacune des deux faces d’une galette de 7’.
C’est aujourd’hui chose faite avec Personal Belongings b/w The Difficult Age, double single (parce que si la première face est estampillée d’un A, la seconde l’est d’un AA) proposant deux titres inédits. Mais le plus intéressant ici, c’est que, tout en s’inscrivant dans une certaine continuité avec Recreation, ces deux nouvelles compositions ne choisissent pas vraiment la voie du direct au cœur et de l’immédiateté, celle qui par exemple a fait d’un I’m Someone Who Dies un incontournable de l’album Recreation comme des jukebox indé et des playlists personnelles.
Précisément, avec Personal Belongings et plus encore avec The Difficult Age qui joue sans cesse sur un équilibre précaire, Papier Tigre dévoile une nouvelle fois son arme sécrète préférée, c'est-à-dire la pratique de l’hameçonnage indirect, ce truc qui consiste à faire grandir et murir les chansons de l’intérieur, refuser les structures classiques, complexifier les rythmes, ne permettre à ces deux inédits d’éclater que par surprise, libérer leur surcharge d’électricité en fin de course pour, presque paradoxalement, donner ce sentiment d’accroche inévitable. On s’en souvient donc très bien de ces deux titres une fois les deux faces du disque écoutées ; on s’en souvient même tellement bien qu’on ne peut alors leur refuser le statut de tubes, définitivement irrésistibles.
Il y a vraiment une magie et un mystère Papier Tigre, une écriture au formalisme très personnel et une exécution qui l’est tout autant et auxquelles on ne saurait donc échapper. Single de ce début d’année, haut la main.




En guise d’info lyonnaise de dernière minute précisons également que Papier Tigre jouera au Sonic le jeudi 25 avril prochain en première partie de Ted Milton (Blurt).

jeudi 18 avril 2013

Psalm Beach / self titled



Des fois il faut savoir dire merci et en l’occurrence on ne remerciera jamais assez les vieux briscards de K-Fuel qui ont mis le doigt sur Psalm Beach, jeune trio australien (de Melbourne) dont le premier EP a été publié il y a quelques mois déjà. Un EP sans titre dont le joyeux mais toujours lucide chroniqueur de 666rpm ne peut s’empêcher de parler à son tour, tant il pense également que PSALM BEACH pourrait un jour ou l’autre se révéler être bien plus qu’un bon petit groupe local ou une simple petite découverte pour mélomanes maniaques et perturbés : l’avenir nous le dira sans doute mais en attendant cet EP est presque parfait, d’une densité, d’une homogénéité et d’une pureté que rien ne saurait contrarier – comme un gros diamant brut et noir, d’une forme et d’une précision troublantes et quasi surnaturelles.
Bien loin de la plupart des autres groupes australiens qui s’adonnent plutôt avec ferveur aux joies du rock’n’roll ou du swamp rock à tendance plus ou moins goth, Psalm Beach préfère jouer un rock mélancolique et noisy qui fait le lien entre Joy Division – c’est très net au niveau de la basse, écoutez un peu Beds pour vous en convaincre – et Slint. Une musique lente mais intense et faussement lointaine. Ce qui est très marquant sur ces quatre titres c’est la façon dont chaque instrument (guitare, basse et batterie) se détache des autres, pour former ensuite un tout qui remplit l’espace de manière magistrale. On a même un peu de mal à croire que cet EP est véritablement la première tentative discographique de Psalm Beach tant l’enregistrement est de qualité et, surtout, révèle une originalité peu commune ou, puisque on sent bien ici quelques antécédents/influences extérieures, révèle une incroyable capacité à digérer puis recracher celles-ci sous la forme de quelque chose de réellement personnel et de totalement touchant.
Autre caractéristique de la musique de Psalm Beach, les titres sont incroyablement longs, en tous les cas pour ce genre de musique, et dépassent allègrement le format pop song pour aller flirter jusqu’à la limite des neuf minutes (le sublime Are We On Time ?) ; Psalm Peach en profite ainsi pour insister, avec une sorte de ferveur glacée, la répétition des motifs faisant partie intégrante de la force de persuasion émotionnelle du trio (I Don’t Care Anymore, plus hypnotique qu’il n’y parait au départ). On n’en revient toujours pas…

… Et on attend donc avec impatience la suite des aventures de Psalm Beach mais surtout on ne saurait trop vous conseiller d’écouter ce premier EP voire même d’en faire l’acquisition en CD, à cette adresse : psalmbeach[arobase]gmail[point]com – malgré l’éloignement géographique et les frais postaux qui en découlent vous vous en tirerez pour une somme très raisonnable.

mercredi 17 avril 2013

Report : Cougar Discipline, Steven, Steven & Steven, Forza Pshitt et Burne au Nahual - 13/04/2013




Allez, hop, un chouette nouveau lieu à découvrir sur Lyon, en bas des pentes de la Croix-Rousse, un bar/galerie associatif qui a ouvert il y a environ six mois et qui se lance désormais dans l’accueil de concerts. Ce soir le Nahual va même pouvoir tester les choses en grand puisque le concert en question consiste en un carré de groupes très électriques voire très bruyants : Cougar Discipline, Steven, Steven & Steven, Forza Pschitt et Burne. Une programmation et une organisation assurées par les deux garçons de Burne qui comme à leur habitude avaient décidé de ne surtout pas faire les choses à moitié.
La cave du Nahual est par contre un peu bizarrement configurée, en deux parties, et il faut bien avouer que si on n’a pas la chance de se trouver du bon côté des demi-parois placées en plein milieu on risque de ne pas voir grand-chose du concert. Mais l’ambiance est presque cosy, l’endroit est vraiment pas mal avec ses voutes en croix et ses vieilles pierres de partout ; les groupes jouent pas terre tandis que le public se masse autour comme il peut et je sens que ça va être chaud.




Et effectivement ça l’est. Le premier groupe s’appelle COUGAR DISCIPLINE et c’est la toute première apparition de ce trio composé de Raf Chevignon au chant et aux textes, d’Alex Torticoli à la guitare et de Jo Burne à la batterie – un groupe d’anciens, quoi. Raf étincèle avec sa veste blanche de macro, son futal en skaï noir et ses bottes de cow-boy. Il est nonchalamment adossé contre un mur, devant un pupitre sur lequel il a posé ses textes. Parce que comme d’habitude avec lui, les textes sont plus qu’importants et il y a toujours un côté performance voire théâtral dans ce qu’il fait.
Donc je fais des efforts pour tendre l’oreille mais pas trop quand même puisque monsieur a débarqué avec sa propre sono pour la voix : effectivement il raconte plein de trucs dégueulasses, non pas pour choquer gratuitement (quoique…) mais plutôt pour mettre le doigt là où ça fait mal ; et il n’a pas besoin de nous chier dessus non plus, il lui suffit juste de nous mettre la gueule sur tout ce qui nous entoure. Derrière lui, les deux autres font bien plus qu’assurer un blues noise d’excellente facture et très dense. C’est lent, c’est lourd, poisseux et bruyant et la musique va crescendo, accompagnant le chant/narration de plus en plus énervé et distillant toujours plus de terreur malsaine. Tout ça finit dans une cacophonie explosive comme un orgasme un peu abject. J’en tremble encore.




Le deuxième groupe s’appelle STEVEN, STEVEN & STEVEN – ou, pour faire un peu plus simple, The Steven’s – et j’ai la surprise de reconnaitre le bassiste chevelu, également activiste du côté de Grrrnd Zero, fraction armée et option métallurgie appliquée aux plaisirs sonores. Le batteur aussi ne m’est pas totalement inconnu puisque déjà vu il y a quelques mois avec un groupe de post rock un rien plan-plan (pléonasme) en première partie de Chausse Trappe. Par contre la tête du guitariste/chanteur ne me dit rien du tout mais il porte un t-shirt délicieusement kitsch de Metallica et des lunettes voltigeuses. Évidemment ils affirment tous les trois se prénommer Steven, ce groupe doit pas être tous les jours facile à gérer.
A partir de là, je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec The Steven’s, trio présenté comme jouant du doom satanique et une chouille psychédélique. La chouille sera en fait plutôt conséquente et il est vrai que tout ça était bien lourd, bien gras et surtout très drôle, jusque dans l’exagération assumée, un final assez grandiose avec une basse maltraitée à la baguette, une guitare qui vomit, un batteur qui s’énerve (mon garçon, arrête tout de suite avec ton groupe de post-rock, tu mérites bien plus que ça) et donc des lunettes qui partent très loin en vol plané. Lorsque les trois Steven s’arrêtent de jouer, ils ont l’air un peu saouls de leur musique et ils ont bien rigolé, moi aussi, beaucoup même – voilà un vrai groupe de nerds. En espérant les revoir bientôt.




Suit FORZA PSCHITT, à savoir les deux-tiers de Torticoli. On retrouve donc le guitariste qui jouait tout à l’heure avec Cougar Discipline mais depuis il a changé de tenue et surtout de guitare. Il change de jeu également, troquant la rage malaxée et la boue épaisse de Cougar Discipline pour d’infinies guirlandes de dentelles torsadées et presque élégantes et une application mélodique toujours intéressante. Pourtant je ne me résous toujours pas à ranger Forza Pschitt dans la trop petite case des groupes de math-rock parce que le duo, pas loin d’être virtuose et – évidemment – instrumental, va bien au delà des clichés néo-prog et de la branlette de loop station. Ça tombe bien, Alex n’utilise pas ce genre de saloperies tout simplement parce qu’il n’en a vraiment pas besoin.
La complémentarité des jeux des deux musiciens est également très frappante car ils n’arrêtent jamais de dialoguer, un échange permanent toujours pour le meilleur. Pourtant, d’une certaine façon aussi, chacun rivalise, visant toujours plus haut, et donc guitare comme batterie accaparent tour à tour toute l’attention : il est difficile pendant un concert de Forza Pschitt de ne pas se focaliser sur l’un puis sur l’autre et inversement, ne sachant plus où donner de la tête, comme un vertige tourbillonnant et étourdissant.




Les rois de soirée jouent enfin. Les deux BURNE prennent un peu de temps pour installer leur matériel – une batterie avec double pédalier et des cymbales placées vraiment très haut, une tonne et demi d’amplification pour la turbo-basse et toujours le système d’éclairage avec néons et lumières stroboscopiques – mais il est vrai également que casser une corde de basse dès les premières secondes cela n’aide pas non plus.
Passé ce petit moment toujours un peu désagréable, Burne repart aussi sec ; le groupe est encore plus fort, plus déterminé que jamais et assène un titre plutôt lent et dévoile aussi un côté plus sombre et viscéral que je ne lui connaissais pas. C’est pour moi le principal enseignement de ce concert le Burne : le duo a encore muri et progressé et surtout semble avoir diversifié son propos – en milieu de set le groupe a également joué un étonnant morceau au groove aussi improbable qu’imparable. Pourtant rien ne semble réellement prémédité, les deux décidant après chaque titre celui qu’ils veulent jouer après. Ces deux là doivent un peu se connaitre par cœur.
Le concert se termine sur une suite de titres totalement hardcore/spazz as fuck, une suite quasi ininterrompue de déflagrations et un étalage de tortures soniques poussées à leur paroxysme par les éclairs des stroboscopes – mais à ce moment là les Burne pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient, ils m’avaient définitivement mis dans leur poche, tout comme le reste du public.

[les photos du concert c’est par ici]

mardi 16 avril 2013

Ken Mode / Entrench




KEN MODE… on peut considérer que ces trois types ont, quelque part, un peu chance : ils sont originaires du Canada et, pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas beaucoup d’imagination – lorsque on écoute que du hardcore noise et métallisé sauce moderne on en a décidemment pas beaucoup – ces origines géographiques quasiment exotiques (Winnipeg, Manitoba, si tu veux tout savoir), cela peut aider à différencier un groupe, fut-il talentueux, de la meute d’hurleurs et de tatoués qui hantent les couloirs de la colère ordinaire.
Je plaisante un peu mais à peine : avec son précédent album Venerable enregistré sous la houlette de Kurt Ballou, Ken Mode* avait pris le risque de se fondre dans la masse et de noyer sa puissance hautement vindicative sous le flot aseptisé du grand maître sonneur du Massachusetts… Heureusement le groupe s’en était finalement plutôt bien sorti, sa force de caractère et son originalité patente arrivant in fine à faire la différence. Pour son cinquième album Entrench Ken Mode est allé chercher beaucoup moins loin pour finalement se faire enregistrer à la maison. Le son général de Entrench reste assez lisse mais, là aussi, c’est la petite personnalité de Ken Mode qui ressort en premier, même si le groupe ne retrouve pas non plus toute la force quasi déglinguée ni toute la conviction de Reprisal (2006) et Mennonite (2008) qui restent deux albums absolument essentiels.
Va-t-on pour autant bouder notre plaisir ? Bien sur que non : les groupes typés hardcore noise (etc.) qui se détachent réellement du lot sont rares et le groupe des frères Matthewson – Jesse à la guitare et au chant, Shane à la batterie, ces deux là ont usé un nombre impressionnant de bassistes depuis leurs débuts – mérite bien tous les lauriers récoltés même si on peut aussi reprocher à Ken Mode de plus en plus devenir des faiseurs et à Entrench d’être parfois une collection de titres « à la manière de ». D’ailleurs Season Of Mist, le label responsable de l’édition européenne de Entrench, a fait apposer sur le disque un sticker qui cite Converge, Botch, Every Time I Die, Coalesce, Kylesa…
… La pertinence de certains noms énumérés ci-dessus échappe complètement à toute réalité objective, on parlera gentiment de marketing triomphant, bien que le côté Converge (version linéaire) est lui parfois réel et un peu énervant ; on citera également No I’m In Control dont le chant ainsi que l’énorme ligne de basse semblent sortir tout droit de l’imagination des new-yorkais d’Unsane – mais ça c'est un compliment.
Pour le reste Ken Mode, groupe d’artisans animés d’une sacrée rage, s’en sort aux forceps c'est-à-dire grâce à toute sa hargne et toute sa fougue (le presque rock’n’roll Counter Culture Complex). Pour l’instant l’équilibre entre colère noire originelle et sophistication de la production est encore atteint par Ken Mode qui mène toujours sa barque comme il faut. Mais cela durera-t-il ? Rien est moins sûr et, sans faire de faux procès d’intentions au groupe, les canadiens se lasseront peut-être, un jour… Ou peut-être qu’on se lassera avant eux. Quant aux incursions de Ken Mode dans le registre de l’émotion et de la mélancolie un brin gnangnan (le très sensible Romeo Must Never Know), on finit également par s’y habituer mais de justesse – oui, c’est le printemps, oui il fait beau donc on a forcément le cœur un peu plus léger. Pardon.

[Entrench est disponible en CD digipak et en double LP avec plein de couleurs différentes]

* je devrais écrire KEN Mode mais j’ai pas envie, KEN c’est pour « kill everyone now », sic

lundi 15 avril 2013

Papaye / Tennis




Toujours aussi virevoltant et enjoué, PAPAYE sort un deuxième album intitulé Tennis. De toutes évidences, la vieille bique tendance sport, jus de fruits, plasturgie du rehaussage et liposuccion des fondamentaux qui pose sur la photo du recto de la pochette n’est autre que cette chère Ségolène Royal (not dead) mais cette unique faute de goût (très apparente quand même) est automatiquement rattrapée par un humour aussi ludique qu’inspiré (la photo très « viens ici mon chien » du verso car je n’ai jamais pu résister à un bon vieux bâtard amateur de gratouilles tout comme la photo intérieure des trois membres du groupe, très garçons coiffeurs/VRPs pour Bricorama/Animateurs du Club Med – en fait j’hésite encore).
Tennis, donc, dans la droite lignée de son déjà excellent prédécesseur La Chaleur, utilise à peu près les mêmes ingrédients que celui-ci mais à un niveau encore plus jubilatoire tout en respectant un certain code de bonne conduite… Enfin, c’est juste une façon de parler : les trois Papaye savent jusqu’où ils peuvent aller et quelle est la limite/peau de banane à ne surtout pas dépasser pour éviter la surenchère inutilement juteuse et la branlette des manches de guitares. Toutefois on note quelques nouveautés comme du chant sur Grapes, du clavier sur La Cheminée, un aboiement de chien (encore !) sur Super, Marcher ! et un peu de trompette sur Monica Selles (trompette jouée par Thymme Jones, l’homme de Cheer Accident). Surtout Tennis est un disque d’esthètes dont l’exubérance ensoleillée possède toujours une classe certaine mais néanmoins décalée ; l’inventivité comme crédo, option trop de sérieux dans l'humour tue l’humour, et un plaisir de jouer ensemble évident et détectable même sur enregistrement (bien aidé par une prise de son et un mix signé Miguel Constantino, Ze wizard of sound).
Au final l’amateur de cocktail peut ici s’enivrer d’une bonne grosse vingtaine de minutes bourrées de cavalcades déliées et débridées, débordantes de plans de guitares hallucinants, hyper inventifs, toujours envoyés sèchement (la générosité n’empêche pas une certaine concision) et, semble-t-il, regorgeant de références plus ou moins directes et évidentes – là j’ai entendu un riff digne des Who puis un autre qui m’a fait penser à AC/DC, ici j’ai cru reconnaitre un court instant une ligne mélodique tirée de I Heard It Threw The Grapevine (oui, je suis très sérieux) et sur Sparrows And Pigeons j’entends à chaque fois une bout de la célèbre suite de notes qui sert d’introduction à Astronomy Domine, le chef d’œuvre que Syd Barrett avait placé en ouverture du premier album de Pink Floyd. Pink Floyd ? Est-il vraiment raisonnable de terminer la chronique d'un tel disque sur une référence aussi surannée ? Et bien oui. Démerde-toi avec ça.

[Tennis est publié en CD et en LP par Kythibong]