mardi 30 avril 2013

Report : Witxes et Barn Owl au Sonic - 23/04/2013




Retour des américains de BARN OWL, deux ans après un concert au même endroit, un premier passage qui, avouons-le, m’avait quelque peu laissé sur ma faim. Sûrement parce que je suis toujours un peu plus pointilleux au sujet des concerts de branleurs cérébraux que pour les concerts de barbares défoncés. Nous n’étions alors qu’une petite poignée à nous être déplacés pour écouter et applaudir Evan Caminiti et Jon Porras.
Depuis Barn Owl a nettement gagné en notoriété et en ce mardi soir le Sonic accueille logiquement un public beaucoup plus conséquent. Ce que le bouche-à-oreilles ne dit pas encore – puisque le tout nouvel album de Barn Owl, intitulé V, vient tout juste de paraître – c’est que le duo a procédé à des changements plutôt drastiques dans sa musique et surtout dans sa façon de l’interpréter (ces deux aspects étant bien évidemment étroitement liés).
Peu de gens se doutent en effet qu’Evan Caminiti et Jon Porras n’utilisent presque plus du tout de guitares. Ni que le concert de ce soir va purement et simplement être un concert de musique électronique. J’espérais vaguement que les deux musiciens allaient peut-être panacher entre ce qu’il convient désormais d’appeler la première période de Barn Owl et leur nouvelle direction musicale mais non.




Le concert s’est donc exclusivement articulé autour de V. Sur scène les deux Barn Owl ont installé des machines bricolées que seuls quelques initiés et experts en électrobidouille appliquée ont l’air de comprendre un peu. La scène est complètement plongée dans une lumière blafarde et bleue, donnant un air certain d’irréalité à ce qui s’y passe. En fait il ne s’y passe rien de spectaculaire : auparavant, lorsque les deux musiciens utilisaient leurs guitares, ils avaient déjà recours à des projections de films et d’images pour se cacher du public ; désormais une pénombre presque opaque et fantomatique est semble-t-il ce qui leur convient de mieux.
Je ne peux pas non plus m’empêcher de penser que cette lumière évoque une nuit étoilée ou – mieux – les faibles rayonnements stellaires rencontrés par les touristes qui font de l’auto-stop en la Terre et la planète Mars. Tout comme V évoque les voyages multidimensionnels à travers un espace interplanétaire et désertique, un concert de Barn Owl vous invite désormais à doucement vagabonder entre les étoiles ; il n’était pas interdit et même plutôt conseillé de fermer les yeux et de se laisser porter par la beauté d’une musique allant sans cesse en grandissant (surtout que le concert n’a malgré tout pas été exempt de quelques longueurs cryogéniques)… Comme on l’a déjà affirmé à propos de V : Barn Owl a juste changé d’échelle, délaissant les déserts de sable pour les limbes sidérales mais finalement l’optique reste sensiblement la même, c'est-à-dire partir le plus loin possible et se perdre en route.




Il semblerait que désormais il y ait deux incarnations de Witxes : une avec une multitude de musiciens invités (guitare, saxophone, contrebasse, batterie, etc.) et l’autre en solo, avec uniquement Maxime Vavasseur, ses machines, son laptop, sa guitare et sa voix. Lui aussi a décidé de se plonger dans la pénombre, n’étant éclairé que de dos par uniquement deux néons faiblards posés à même le sol sur la scène du Sonic.
C’est donc la version de Witxes solo qui a joué en première partie de Barn Owl mais on ne va pas s’en plaindre : ce garçon est talentueux et va à nouveau le prouver lors de ce concert démarrant par un beau passage chanté – et un petit moment de frisson – puis s’engageant rapidement dans une succession de tableaux musicaux s’imbriquant les uns après les autres. On peut parfaitement reconnaitre là la manière de faire de Witxes, cette capacité à présenter des aspects aussi divers que complémentaires d’une même vision musicale, une optique parfaitement maîtrisée et qui avait déjà fait quelques merveilles sur le premier album Sorcery/Geography. En dehors de la beauté de sa musique, le plus marquant chez Witxes reste la conviction dont il fait preuve pour nous la faire partager – un phénomène assez rare dans le petit monde des one-man-bands qui poussent des boutons dans le noir.

Le prochain album de Witxes sera publié sous peu : la release party est d’ores et déjà annoncée pour le 21 mai aux studios Mikrokosm (61 cours de la République à Villeurbanne).

[pas beaucoup de photos cette fois-ci, pour cause de lumière en dessous du niveau de seuil de pauvreté]