vendredi 26 juillet 2013

Degreaser / Sweaty Hands





DEGREASER c’est principalement le groupe de Tim Evans, un australien exilé à New-York/Brooklyn et qui dans les années 90 s’était particulièrement illustré avec Sea Scouts puis, un peu plus tard dans les 2000’s, avec Bird Blobs. Un type à qui rien ne fait peur et surtout pas de s’accoquiner avec Kristian Brenchley, autre australien expatrié et guitariste de Woman mais qui joue de la basse au sein de Degreaser. Ces deux là font la paire mais Brenchley ne joue pas sur les deux premiers albums de Degreaser à savoir Bottom Feeder (2011) et Sweaty Hands (2012). Aujourd’hui le line-up du groupe est complété par le batteur John Coates et c’est cette version là de Degreaser que l’on a pu découvrir lors d’un concert pour happy fews en juin 2013 à Lyon.
L’occasion de parler de Sweaty Hands est donc trop belle : ce disque commence un peu à dater mais on a précisément réussi à mettre la main dessus lors de ce concert lyonnais. Pas plus que son prédécesseur, le très glauque et rampant Bottom Feeder, Sweaty Hands n’est pourtant pas symptomatique de la musique que l’on a écouté ce soir là. Non, Sweaty Hands est du genre toujours plus poisseux et marécageux, le blues y dégage une odeur nauséabonde, les charognes s’étalent sur le sol et Degreaser nous force à nous trainer dessus à quatre pattes, ça fait un bruit dégueulasse, on trébuche à chaque instant mais on n’a pas d’autre choix que de continuer d’avancer si on veut échapper au massacre, sauf que tout ceci ne semble pas avoir de fin.
Sweaty Hands ressemble à un énorme grincement, de ces grincements qui font crisser les dents, donnent l’impression que quelqu’un est en train de vous enfoncer des aiguilles à coudre sous les ongles et qui vous brisent les os de l’intérieur. Une véritable torture sonique. Le bourreau en chef c’est (on l’a déjà dit) Tim Evans et ce type n’a pas son pareil pour vicier le son de sa guitare déjà gavée jusqu’à l’overdose de fuzz, de wah-wah et autres échos infinis avec une couche de crasse malsaine à faire frémir Satan en personne. Le côté australien de la musique de Degreaser se devine pourtant mais à peine – il y a des relents de Birthday Party ça et là mais ils ont depuis longtemps été passés au presse-fruits et mélangés avec du jus fermenté de cadavres d’animaux – tout comme le côté Stooges, le meilleur côté des Stooges c’est-à-dire le côté à la fois psyché et bruyant, celui de l’indétrônable Fun House et qui ici se fait plier en deux voire complètement désarticuler par Degreaser.
La seule chose complètement absente de cette musique nihiliste et jusqu’au-boutiste – puisqu’on a cité Birthday Party et les Stooges – c’est l’absence totale d’attrait sexuel : Sweaty Hands est un album tout sauf sexy (alors qu’il est indéniablement rock’n’roll), entre autre parce que Tim Evans chante avec une voix d’alien sous hélium mais surtout parce qu’il y a trop de merde et de gras pourri qui noient cette musique. Une musique absolument pas sympathique, qui ne fait que s’imposer, où même le vice a été éjecté via le vide-ordures pour se retrouver au même niveau que tout le reste, celui de l’effroi. Sweaty Hands est publié en vinyle uniquement par Negative Guest List records. On annonce toujours le troisième album de Degreaser pour cette année 2013, un album qui logiquement devrait plus coller au côté boogie-swamp de la musique que le groupe joue ces derniers temps.