jeudi 4 juillet 2013

Portal / Vexovoid




PORTAL est, dit-on, le plus extrême des plus extrêmes des groupes de metal. Ouais, bon, ben… on se calme tout de suite, hein, s’il vous plait. En 2013 le « plus extrémiste des groupes de metal » cela ne veut plus dire grand-chose. Portal reste, c’est vrai, le cas typique du groupe qui semble toujours vouloir et pouvoir aller plus loin, les rois de la surenchère – du build-up metal comme on dit dans les milieux autorisés – mais prend également un malin plaisir à jouer avec les codes établis dans les genres death metal et black metal. Allez, juste pour rire j’en profite vous donner tout de suite les pseudonymes de ces jeunes gens : The Currator au chant, Horror Illogium et Aphotic Mote aux guitares, Omenous Fugue à la basse et Ignis Fatuus à la batterie. Précisons également que les cinq Portal montent sur scène déguisés, sûrement pour faire (un peu) peur mais, aussi et surtout, pour faire rire. Il y a de toute évidence du grand-guignol là dedans, du grand-guignol mélangé à de la complaisance morbide, un peu comme lorsque Mayhem apparaissait sur scène entouré de têtes de porcs sanguinolentes.
Ce premier paragraphe en guise de cassage de réputation en règle ne tend à expliquer que deux ou trois petites choses : premièrement on s’en fout de savoir qui est le plus extrême des extrêmes ; deuxièmement, combien même on s’en soucierait malgré tout, Portal ne saurait prétendre à ce titre de gloire parce que sa musique, on a du mal à la prendre totalement réellement au sérieux. Et citons quelques contre-exemples – cette liste est non-exhaustive ni limitative et ces noms sont uniquement les premiers qui me viennent à l’esprit : chacun dans leurs genres respectifs, From Enslavement To Obliteration de Napalm Death, Streetcleaner de Godflesh, Left Hand Path de Entombed ou Murderworks de Rotten Sound sont des disques que l’on peut continuer à prendre au sérieux tant ils font toujours aussi mal. Vous avez remarqué ? Il n’y a en fait aucun groupe de black metal dans cette liste (qui n’est donc pas tout à fait donnée au hasard) tout simplement parce que les groupes de black metal sont des groupes de comédiens de boulevard et d’éternels adolescents perturbés. De la musique totalement immature.
On en revient au côté grand-guignol de Portal et on n’a pas peur d’affirmer non plus que le groupe a fini par ne garder que cette seule composante du noir metal dans sa propre musique : la bouffonnerie des enfers, laquelle est, dans le cas de Portal, effectivement poussée aux extrêmes. Vous allez finir par croire que je n’aime ni Portal ni Vexovoid, le quatrième album du groupe, alors qu’en fait c’est tout le contraire. Honnêtement je lui préfère ses deux prédécesseurs, principalement Outre (2007) et – un peu moins – Swarth (2009) mais je l’aime quand même beaucoup ce Vexovoid. Un disque qui a de plus en plus à voir avec le death metal uniquement, certes un death d’apparence très sombre, parfois inutilement compliqué, ultra violent, über rapide et terriblement malsain dans ses intentions affichées. Et c’est là tout le génie de Portal : désacraliser le metal qui fait peur, le rendre à nouveau profondément jouissif mais (enfin !) pour de bonnes raisons. La musique est un plaisir, une façon comme une autre de s’amuser et ça les cinq Portal l’ont très bien compris. Ils s’amusent comme on joue au loup dans les cours de récréation, comme on montre sa bite en classe de cinquième pour voir qui a déjà des poils et qui n’en a pas, comme on fait exploser des pétards dans des merdes de chiens pour saloper les carrosseries des voitures stationnées juste à côté, comme on écrase du pied une coquille d’escargot gluant pour voir comment c’est à l’intérieur. De la musique de gamins, pour d’autres gosses, éternellement. Quelle malédiction !

[Vexovoid est publié en CD digipak et en vinyle par Profound Lore records – à noter que le livret est aussi moche que l’artwork du disque mais ce n’est pas bien grave non plus]