lundi 8 juillet 2013

Throat / Manhole




Des finlandais de THROAT on connaissait déjà la participation du groupe à la série de splits initiée par Hell Comes Homes (avec Anal Paranoid Throat peut même se vanter d’avoir torché le meilleur titre de toute cette collection d’un niveau pourtant déjà très élevé) ainsi qu’un autre split publié en 2011 chez Cult Of Nihilow (avec les Fleshpress, encore des finlandais, comme voisins de pallier). Depuis 2010 Throat a ainsi publié pas moins de quatre 7’ et un 12’ de quatre titres… Des furieux qui ne débandent jamais et qui, pour parler un tout petit peu vulgairement, défoncent tout sur leur passage, ne sont pas là pour enculer que des auditeurs consentants et provoquent l’orgasme noise à coup sûr.
Le bien nommé Manhole – avec un clone de Syd Barret dans un rôle de travesti échappé de The Rocky Horror Picture Show sur le recto de la pochette – fait plus que confirmer tout le bien que l’on pensait déjà d’un groupe principalement occupé à nous faire peur et à nous écarteler les chairs coûte que coûte. Et Manhole est bien le genre de disque que l’on a d’ores et déjà décidé de hisser au rang des classiques du noise-rock éternel. Pas moins. On précisera à celles et ceux qui avaient précédemment décidé de complètement s’abandonner face à la furie d’Anal Paranoid que sur leur premier album les Throat font toutefois preuve d’un petit peu plus de finesse. Mais pas trop non plus : juste ce qu’il faut en fait pour que les effets de cette musique soient encore plus dévastateurs.
Le côté lourd et gras à la Unsane est donc toujours là mais il y a quelque chose de plus dans ces deux guitares qui aiguillonnent sans cesse, visent de mieux en mieux dès qu’il s’agit de placer un bon coup de fouet là où ça fait vraiment mal et ne taraudent plus à l’aveugle au travers des cloisons de sombres backrooms mais préfèrent se dresser toujours plus fièrement au grand jour, quitte à se lancer dans des digressions aussi inhabituelles que dévastatrices. Et d’une manière générale l’un des gros points forts de Throat c’est que toute la base de gras bien épais n’empêche pas non plus un souci constant de la précision et de la rigueur et que le mélange des deux débouche inexorablement sur une orgie über noise de premier ordre. L’autre point fort du groupe c’est – évidemment – sa force de frappe rythmique mais ce que l’on remarque plus que tout chez Throat c’est le chant : un chant épais et gras lui aussi, un chant qui bien que braillard reste définitivement expressif, avec son timbre étrangement rauque et cette façon de broyer les mots pour ensuite les faire gicler toujours plus loin.
Manhole s’impose sans discussion possible comme l’un des disques de noise rock de l’année et, mieux encore, Manhole démontre une nouvelle fois que l’on peut faire du neuf et du bon avec du vieux et du déjà connu – Throat rejoint ainsi les Joe 4, Hawks, Buildings et autre Baxter Stockman aux premiers rangs de la débauche sonique.

Manhole est publié en vinyle uniquement grâce à l’association de quatre labels partouzards, une sorte d’internationale de la noise et du cul avec l’écossais At War With False Noise, l’américain Made In Kansas, le finlandais Kaos Kontrol (c’est même le label de Jukka, chanteur et guitariste de Throat) et le frenchie Rejuvenation records ; à l’intérieur de la pochette on trouve un insert sur lequel sont imprimées les paroles du disque (paroles que je n’ai pas lues), lesquelles sont mélangées avec des petites annonces du type « Big guy seeks daddy », « Hispanic slave wanted » ou (ma préférée) « Leather uniform master », des annonces que j’ai bien sûr dévorées du début jusqu’à la fin. Il se murmure également que Throat viendrait envahir le reste de l’Europe en 2014, autant dire que l’on attend cela avec impatience.