samedi 3 août 2013

Maria Goretti Quartet / 14 : 02


J’avais presque oublié l’existence de MARIA GORETTI QUARTET. Bien sûr je me souvenais encore vaguement qu’il existait un trio de ce nom là du côté de la face nord du monde civilisé (Lille – Belgique ? – et alentours) mais, comme on dit, loin des yeux loin du cœur, et n’ayant jamais recroisé le chemin de ce groupe depuis son précédent album sans titre, hop-la, Maria Goretti Quartet avait fini par se transformer inexorablement en un joli fantôme, une idée vague en provenance d’un possible mais nébuleux au-delà. Quand 14 : 02 est arrivé dans la boite-aux-lettres de 666rpm, je me suis soudainement rappelé de ces jeunes gens. Mais absolument pas de leur musique… voilà une chronique qui commence sous de très mauvais auspices, non ? Mais ne nous emballons pas, ça ceci va très bien finir, comme dans les vrais romans d’amour.




Avec toute la conscience professionnelle qui me caractérise, j’ai immédiatement écouté 14 : 02 et là les bras m’en sont tombés : mais qu’est ce que c’est bon ce truc ! Quelle aisance ! Quelle énergie !  Par contre je n’arrivais toujours pas à faire le lien exact entre ce que j’écoutais alors et les éventuels souvenirs que j’aurais pu précédemment garder du groupe. Il m’a même fallu réécouter le premier album histoire au moins de pouvoir faire un peu semblant de savoir de quoi j’allais parler. Avoir l’air intelligent du type qui sait tout, celui qui sort toujours les bonnes références au bon moment et qui a évidemment une anecdote croustillante vaguement en rapport et à raconter sur un concert mythique qui a eu lieu il y a au moins une vingtaine d’années devant un public de trente personnes dont la moitié était déjà complètement bourrées dès le début de la soirée.
Mais pas d’anecdotes, pas de souvenirs ni de visites guidées de mausolées pour évoquer Maria Goretti et 14 : 02. Juste quelques constatations et quelques bonnes surprises : le son du groupe s’est épaissi – je vous avais bien dit que j’avais réécouté le disque d’avant – et a gagné à la fois en clarté et en puissance (Thai Nana est même à la limite du hard rock pour esthètes à mèches). Du coup le post-punk de Maria Goretti Quartet passe de la catégorie collection de bourre-pifs vivifiants à celle d’usine à tubes foldingues et parfois, voire très souvent, écervelés. La musique de ces trois garçons ne se contente plus d’être frénétique, elle gagne toujours plus en matière de frivolité obligatoire mais libérée, alliant désormais ses rythmiques et plans à la The Ex/Dog Faced Hermans/Dawson avec une diversité élégante qui ratisse toujours plus large : 14 : 02 donne également à entendre du post punk robotique voire glacial, un peu de tropicalité de ci de là, du blues urbain à la Gun Club, du punk hardcore à la Biafra/Dead Kennedys, de la mélopée arabisante mais Maria Goretti Quartet ne se perd jamais en route, n’hésite jamais sur la marche à suivre et fédère tout ce merdier en un joyeux bordel explosif sans avoir jamais l’air de racoler qui que ce soit ni de jouer aux promesses électorales. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Et vive le mariage pour tous.

[14 : 02 est publié en vinyle et CD par Hovercraft, Love Mazout records, Rockerill records et Tandori records – maintenant j’espère bien un de ces jours voir Maria Goretti Quartet en concert, ça m’évitera d’avoir à faire de efforts de mémoire, trois ans après]